
Le Premier ministre français sortant, M. Lecornu, prononce un discours à Matignon, à Paris
La perspective d'une dissolution de l'Assemblée nationale s'est éloignée avec la volonté des partis politiques consultés de doter la France d'un budget avant la fin de l'année, a déclaré mercredi le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu, qui doit rendre compte de ses dernières discussions à Emmanuel Macron en fin d'après-midi.
Le Parti socialiste (PS), qui réclame toujours un gouvernement de gauche et des mesures telles que la suspension de la réforme des retraites de 2023 - évoquée mardi par Elisabeth Borne, auteure de ce texte controversé -, s'est toutefois montré très prudent quant aux chances de s'entendre avec le camp présidentiel.
"Au moment où nous parlons, nous n'avons aucune assurance sur la réalité de cette suspension" de la réforme des retraites, a déclaré Olivier Faure à l'issue d'un nouvel entretien avec Sébastien Lecornu à Matignon, après avoir reconnu qu'une telle décision constituerait une "formidable avancée".
"Le projet de budget tel qu'il est présenté aujourd'hui est un projet de budget qui ne peut pas être le nôtre", a-t-il ajouté, disant vouloir "coupe(r) court à ce stade à toutes les élucubrations d'un gouvernement commun avec la Macronie" qui lui paraît "inimaginable".
L'hypothèse d'une suspension de la réforme des retraites risque de susciter une levée de boucliers d'une partie de la droite.
Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement National (RN) à l'Assemblée nationale - premier en termes de sièges -, a pour sa part prévenu que le parti d'extrême droite, qui a refusé de participer aux ultimes consultations à Matignon, s'opposerait à tout gouvernement issu d'un compromis sur le budget.
"Je censure tout. Maintenant, stop, la plaisanterie a assez duré. On fait courir les Français derrière des baballes tout ça pour gagner du temps. C'est inadmissible", a-t-elle déclaré à des journalistes lors d'un déplacement dans le Puy-de-Dôme, réclamant à nouveau une dissolution de l'Assemblée nationale ou une démission d'Emmanuel Macron.
LFI FUSTIGE LE "SAUVETAGE DU SYSTÈME"
Sébastien Lecornu, qui a démissionné lundi quelques heures après l'annonce de son gouvernement avant d'être chargé dans la foulée par Emmanuel Macron de mener d'"ultimes" négociations pour tenter de définir "une plateforme d'action et de stabilité pour le pays", doit venir à l'Elysée en fin d'après-midi pour présenter ce qui est "sur la table, si nous arrivons à trouver des solutions".
Il a indiqué en début de journée qu'il demanderait aux oppositions de gauche "les concessions qu'elles demandent aux autres formations politiques" et celles "qu'elles sont prêtes à faire aussi".
Selon Matignon, Sébastien Lecornu recevra notamment mercredi après-midi les présidents des groupes de députés de droite et du centre LR, Renaissance, MoDem et Horizons.
La France insoumise (LFI) s'est agacée de la possibilité d'une entente entre le PS et tout ou partie du "socle commun" qui unit Les Républicains (LR) et les partis "macronistes".
LFI, qui a elle aussi repoussé l'invitation à de nouvelles discussions et dont la proposition de destitution du président de la République a été jugée irrecevable à l'Assemblée nationale mercredi, a fustigé par la voix de son chef de file, Jean-Luc Mélenchon, le "consternant ralliement d'Olivier Faure au sauvetage du système".
Marine Tondelier, secrétaire nationale des Ecologistes, a pour sa part déclaré à sa sortie de Matignon que "la seule solution aujourd'hui, c'est un Premier ministre de gauche et écologiste", jugeant "qu'on n'a jamais été aussi proche" de cette issue.
Un rendez-vous est prévu entre plusieurs partis de gauche, sans le PS ni LFI, à 16h00, a-t-on appris des formations concernées.
Alors que Sébastien Lecornu doit s'exprimer mercredi soir dans le journal télévisé de 20h00 de France 2, l'Elysée n'a donné aucun indice quant au moment que choisira Emmanuel Macron pour prendre la parole.
VOIR AUSSI: le déroulé des évènements EN DIRECT
(Rédigé par Benjamin Mallet, avec la rédaction de Paris, édité par Blandine Hénault)
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